Derrière Emmanuel Macron, l'Acropole se détache dans la nuit, un tableau qui pousse au lyrisme : "L'Acropole d'Athènes est un miroir tendu à notre identité européenne". Le président français, s'essayant brièvement à la langue grecque, a lancé jeudi dans un discours à Athènes un appel solennel à "refonder l'Europe", en restaurant "la souveraineté, la démocratie, la confiance", notamment par des réformes comme la création d'un parlement de la zone euro.
Faire "l'examen critique (...) de ces dernières années". "Aujourd’hui la souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger", a-t-il dit, s'exprimant symboliquement sur la colline de la Pnyx, face au Parthénon, symbole de la démocratie, à la nuit tombante au premier jour de sa visite d'État à Athènes. "Ce soir je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l'examen critique sans concession de ces dernières années", a annoncé le président français, aux côtés du Premier ministre grec Alexis Tsipras. Un premier pas vers une Europe qu'il imagine comme "un espace inédit de paix, de liberté et de prospérité".
"Inventer une gouvernance forte". Il a notamment insisté sur la nécessité de "retrouver la force d'une souveraineté qui ne soit pas que nationale", ce qui passera par "des réformes institutionnelles". Il faudra selon lui "retrouver le sel de la zone euro, inventer une gouvernance forte, un budget de la zone euro, un responsable exécutif et un Parlement pour cette dernière".
"Une méthode nouvelle". Pour lancer la refondation de l'union, le chef de l'Etat présentera une feuille de route dans quelques semaines. Emmanuel Macron souhaite faire progresser le débat par "une méthode nouvelle", dont les grandes lignes seront tracées d'ici à la fin de l'année pour les "soumettre aux peuples l'an prochain", avec "six mois de consultations, de conventions démocratiques". Une sorte d'En Marche! à l’échelle de l'Europe. Au passage, Emmanuel Macron a annoncé qu'il "défendrait des listes transnationales pour les élections européennes". "Nos amis britanniques décident de nous quitter. N'essayons pas de nous réattribuer nation par nation les quelques places qu'ils libèrent au parlement européen. Non. Considérons qu'enfin nous pouvons avoir un débat européen, une vraie démocratie européenne", a-t-il lancé.
La folie d'un rêve européen. "Et demain si nous voulons une zone euro plus intégrée, donnons lui une force démocratique, mettons en place un parlement de la zone euro qui permettra de construire les règles d'une responsabilité démocratique de celles et ceux qui prendront une décision". "Souveraineté, démocratie, culture, l'avenir des jeunes est là [...] Devons-nous avoir peur de cette ambition extrême ? Il y a trente ans on évoquait la folie de ceux qui voulaient une monnaie commune", a relevé le président. "Ayez l'ambition folle à nouveau de vouloir une Europe plus forte", s'est-il exclamé en conclusion, avant d'aller se mêler à la foule des jeunes spectateurs.